Pourquoi peut-on être surdoué et dyslexique ?

 

La dyslexie est un trouble d’apprentissage qui porte sur l’apprentissage et l’automatisation de la lecture. Elle est indépendante de l’intelligence. On peut être intelligent et dyslexique. Il faut d’ailleurs être intelligent pour être diagnostiqué « dyslexique ». En effet, la dyslexie est un trouble qui suppose qu’un manque d’intelligence ne peut pas expliquer les grandes difficultés en lecture.

La dyslexie est imputable en partie au mauvais fonctionnement de l’hémisphère gauche, celui qui est dédié au langage (oral mais aussi écrit) et au traitement séquentiel. L’hémisphère gauche traite des informations qui se suivent dans un certain ordre, comme c’est le cas des lettres, syllabes et mots dans le discours oral et dans le langage écrit.

L’enfant précoce utilise préférentiellement son hémisphère droit, parfois aux dépens du gauche. Cela peut expliquer un manque d’aisance pour développer les compétences qui requièrent un traitement séquentiel, comme pour lire des lettres, des syllabes et des mots agencés dans un certain ordre. Ce n’est donc pas étonnant qu’il y ait davantage d’enfants dyslexiques parmi les enfants précoces que parmi les enfants d’intelligence normale.

De nombreux enfants précoces sont dyslexiques sans avoir été diagnostiqués comme tels. Leur précocité leur permet de compenser et masquer assez longtemps leurs efforts et leurs difficultés en lecture. A l’inverse, leur dyslexie ne leur permet pas d’être les excellents élèves qu’ils pourraient être, empêchant ainsi leur précocité de se révéler. Ils ne savent pas qu’ils sont intelligents car en difficulté en lecture et bientôt en difficultés scolaires globales. Ils ne savent pas qu’ils sont dyslexiques et ne comprennent pas pourquoi, malgré leurs efforts, lire et copier restent si lents et coûteux ni pourquoi on leur reproche de ne pas faire assez d’efforts. Petit à petit, ils se persuadent qu’ils sont idiots et incapables de réussir. Le découragement est inévitable.

Il est important, devant un enfant en apparence intelligent, pertinent à l’oral, mais lent et beaucoup moins performant à l’écrit, de se poser la question de la dyslexie, même s’il lit beaucoup, aime lire et semble lire relativement vite : peut-être ne lit-il que le début des mots et en devine-t-il la fin. Un bilan orthophonique peut révéler la dyslexie, libérant ainsi l’enfant du sentiment de ne pas être assez intelligent et responsable de ses lacunes. Ce n’est qu’en comprenant les difficultés d’un enfant dyslexique, en l’encourageant et le félicitant énormément que l’on pourra lui éviter le découragement et l’échec scolaire, surtout s’il est précoce et déjà naturellement peu sûr de lui.