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Faut-il parler de la précocité de l’enfant ?

 

Je conseille plutôt de ne pas le dire car les gens ne savent généralement pas grand chose sur la précocité et risquent d'en avoir une idée fausse (ou plusieurs idées fausses d'ailleurs) :

* "Cet enfant est précoce donc il doit tout réussir, il n'a pas le droit à l'erreur".

* "Il a de la chance, ce n’est pas juste" (à vous de voir si c'est vraiment une chance d'être précoce).

* Lorsque des parents préviennent l’école : "Ces parents sont bien prétentieux de me dire ça". "En voilà encore qui vont vouloir un passage anticipé".

La précocité peut être dite si cela s’avère nécessaire, à condition de bien prendre le temps (beaucoup de temps car il y a beaucoup à dire sur ces enfants) de bien expliquer les différences de ces enfants, et surtout sur le plan émotionnel : le fait que ça rend leur vie parfois compliquée, douloureuse. Expliquer que la différence ne s'arrête pas à un plus haut niveau d'intelligence mais à un fonctionnement cognitif et émotionnel différent et pas toujours adapté. Bref, que la précocité peut rendre très différent et être vécue comme un handicap.

Les enfants, par contre, doivent savoir qu’ils sont précoces et, dès qu’ils sont en âge de comprendre, entendre des explications sur la précocité. La plupart des enfants sont soulagés de l'apprendre et veulent en parler. Je pense vraiment qu'ils ont besoin d'entendre qui ils sont et comment ils fonctionnent, et surtout qu'ils sont différents, mais pas moins bien que les autres ni anormaux. Certains enfants, au contraire, ne veulent pas l'entendre, car cela les blesse ou les angoisse de ne pas être comme les autres. Ils le sentent depuis toujours et,  le jour où l'on nomme cette différence, ils en ont la preuve alors qu'ils auraient voulu la nier. C'est plutôt vrai pour les adolescents ou les enfants plus grands. Il faut alors leur donner le minimum d’explications, se montrer disponible s’ils veulent en reparler, mais ne surtout pas insister.