Le cerveau du surdoué
Le cerveau d’une personne à haut potentiel est fondamentalement, structurellement différent et on en a maintenant la preuve formelle grâce à des études scientifiques.
La vitesse de déplacement de l’information au sein de son cerveau est très rapide et peut atteindre les 3,5 mètres par seconde contre seulement 2 mètres par seconde chez les personnes d’intelligence normale.
L’enfant intellectuellement précoce utilise mieux son cortex pré-frontal, responsable de l’attention et du contrôle.
Pour traiter les informations, le cerveau surefficient active plusieurs zones simultanément au lieu de les traiter dans une zone bien localisée en fonction de la tâche à effectuer.
Une personne à haut potentiel utilise souvent préférentiellement l’hémisphère droit responsable du traitement simultané et global qui induit une pensée divergente, c’est-à-dire qui part dans différentes directions. Le système scolaire requiert plutôt le traitement séquentiel, analytique, qui siège dans l’hémisphère gauche, d’où découle une pensée convergente qui reste centrée sur la notion importante et qui permet de suivre une méthode. Cela peut expliquer une partie de l’échec scolaire constaté chez les jeunes à haut potentiel, à partir de la fin du collège ou de l’entrée au lycée. Le traitement séquentiel demande en outre de l’attention et du temps, ce qui n’incite pas les personnes surdouées, naturellement impatientes, à le développer. L’hémisphère droit induit ce qu’on appelle la pensée « en arborescence » ou divergente, qui implique de chercher dans toutes les directions pour résoudre un problème, ce qui génère une perte de temps, voire d’efficacité. Cela occasionne aussi de la distractibilité, car la pensée est entraînée vers d’autres idées souvent bien éloignées du sujet principal, ce qui nuit à la concentration et à la performance. La pensée divergente est propice à la créativité, mais n’est pas toujours adaptée pour réfléchir : un problème simple peut devenir compliqué pour une personne à haut potentiel qui va chercher toutes les façons de l’appréhender au lieu de suivre une procédure simple et efficace. C’est pourquoi il lui est souvent plus facile de répondre à une question difficile qu’à une question trop facile : elle a du mal à concevoir que ce soit si facile et cherche où est le piège.
La personne surdouée est souvent hyperesthésique. L'hyperesthésie est une sensibilité exacerbée des sens qui fait ressentir les stimuli extérieurs plus fortement : les bruits, les odeurs, les contacts tactiles, parfois la lumière… La personne hyperesthésique peut être littéralement agressée par ces perceptions trop intenses.
Le cerveau surefficient filtre peu les multiples informations qu’il reçoit, notamment les informations sensorielles. Cela entraîne une difficulté à se focaliser sur une seule information. C’est ce qu’on appelle le « déficit de l'inhibition latente ». L'inhibition latente filtre les informations qui ne sont pas importantes. Elle fonctionne mal chez les personnes surdouées ; leur cerveau ne fait pas de différence entre les diverses informations qui lui parviennent et les traite toutes avec la même importance, que ce soit l’information principale ou les informations parasites que sont les pensées hors sujet, les bruits, les odeurs…
Des études ont été menées sur le cerveau du surdoué, grâce à l’imagerie médicale : L’IRM fonctionnelle permet de voir quelles sont les régions du cerveau qui s’activent au repos ou lors de tâches, des exercices de mémorisation par exemple. Une des études a été réalisée à Lyon sur des enfants précoces, par les docteurs Dominic Sappey-Marinier et Pierre Fourneret, de l’Université de médecine Claude Bernard Lyon 1, la psychologue Fanny Nusbaum, fondatrice du centre Psyrène de Lyon et le neuropédiatre Olivier Revol, chef de service à l’hôpital neurologique de Lyon.
Deux profils de personnes à haut potentiel ont été mis en évidence grâce aux tests d’efficience intellectuelle : ceux qui sont qualifiés de « laminaires » et qui ont des compétences plutôt homogènes et ceux que l’on qualifie de « complexes », dont les compétences sont hétérogènes, souvent en lien avec un trouble d’apprentissage. Voir ici : Les philo-cognitifs.
Un diagnostic de précocité intellectuelle est posé avec un QI supérieur ou égal à 130 dans le cas d’un profil laminaire, mais il n’est pas toujours possible de calculer un QI ou d’en obtenir un qui atteigne 130 dans le cas d’un profil complexe, car les compétences hétérogènes ne permettent pas de performer également dans toutes les épreuves. Le diagnostic s’appuie donc sur l’anamnèse, la description du fonctionnement émotionnel et relationnel de l’enfant ou de l’adulte, ainsi que sur la réussite exceptionnelle à quelques épreuves, avec un ou plusieurs indices qui dépassent 130. Il est parfois possible de calculer un IAG, un indice d’aptitude générale qui s’appuie uniquement sur les épreuves de raisonnement et qui exclut les épreuves de mémoire de travail et celles de vitesse de traitement, plus sensibles à l’anxiété et aux déficits d’attention.
Le cerveau contient de la substance grise et de la substance blanche, les deux couleurs étant visibles à l’IRM (Voir photos ci-dessous). La substance grise est composée essentiellement de neurones. La substance blanche est constituée d’un million de milliards de connexions entre les neurones, sortes de câbles appelés axones. Ces axones sont entourés de cellules gliales qui produisent la myéline et assurent la protection des axones et qui facilitent la conduction de l’information. Les cerveaux des personnes à haut potentiel contiennent davantage de cellules gliales.
L’imagerie médicale a révélé une différence de fonctionnement du cerveau selon que la personne, l’enfant en l’occurrence, dans l’étude de Lyon, a un profil laminaire ou complexe.
La personne à haut potentiel possède des réseaux neuronaux plus denses à certains endroits du cerveau. Elle a une meilleure connectivité, une meilleure efficacité de transfert de l’information et cela se repère à l’imagerie. Cette connectivité plus importante est présente dans les deux hémisphères chez les personnes qui ont un profil laminaire alors qu’elle existe essentieellement dans l’hémisphère gauche chez ceux dont le profil est complexe.
La première image présente la coupe du cerveau d’un enfant précoce dont le profil est laminaire. Les faisceaux de couleur bleue représentent les zones dans lesquelles la connectivité est plus importante. Dans la deuxième image, il s’agit de la coupe du cerveau d’un enfant à profil complexe. Les réseaux en bleu sont surtout présents dans l’hémisphère gauche, à droite sur l’image. Source : Voir ICI.
Cela explique que la personne qui a un profil complexe ne soit avantagée que dans certaines tâches, notamment verbales. Ses compétences dans les autres domaines sont plus moyennes. Au contraire, la personne dont le profil est laminaire est très performante quelle que soit la tâche, elle peut aussi bien utiliser le traitement simultané géré par l’hémisphère droit que le traitement séquentiel géré par l’hémisphère gauche, avec toutefois une préférence pour le traitement simultané, global, intuitif.
Un article vient de paraître sur l'étude dont je parle : Cliquer ICI.