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La schizophrénie

De nombreux adultes surdoués qui vont mal se voient diagnostiquer une schizophrénie par les psychiatres. Et si le diagnostic était erroné ? Si leurs symptômes n’étaient que l’expression de leur souffrance, en lien avec leur haut potentiel  ?

Ou, du moins, on peut se demander si leur haut potentiel mal vécu n'a pas été le facteur déclenchant d'une schizophrénie dont ils hébergeaient le terrain. La prise de cannabis peut aussi, dans ce contexte, révéler des traits schizophréniques qui étaient très discrets avant la prise de ce psychotrope.

Il parait logique de déceler davantage de schizophrénies (à tort ou à raison) chez les personnes à haut potentiel, car celles-ci sont plus sensibles, plus anxieuses et plus imaginatives. Jeanne Siaud-Facchin dit d'ailleurs que : "Il a été en particulier montré que les surdoués montrent dans le test de personnalité de Rorschach, plus connu sous le nom de test des "taches d'encre", des caractéristiques dans les réponses qui s'apparentent à celles produites par les patients schizophrènes". Selon elle, nombreux sont les adolescents en souffrance qui ont reçu des diagnostics psychiatriques erronés. Voici son texte : Article jsf sur le surdoue en souffranceArticle jsf sur le surdoue en souffrance (39.08 Ko)

Si une personne à haut potentiel a plus de risques de développer des symptômes schizophréniques ou une schizophrénie avérée, ce risque sera sans doute moindre si elle est au courant de son haut potentiel depuis l'enfance, l'a compris et accepté.

La personne atteinte de schizophrénie perd la capacité d'agir correctement et de penser clairement. Elle « perd contact avec la réalité ». Dans la schizophrénie, il n'y a pas de dédoublement de la personnalité, comme on l'a longtemps cru, et dont la croyance est à l'origine étymologique du nom : en grec, skhizein signifie « fendre » et phrên signifie « esprit ».

La schizophrénie touche environ 1 % de la population mondiale. Elle peut se manifester pour la première fois pendant l'enfance, mais, le plus souvent, elle survient vers la fin de l'adolescence ou dans la vingtaine.

Or, j’ai rencontré aussi des adultes diagnostiqués après 40 ans. Etrange pour une maladie censée apparaître à la fin de l’adolescence. Encore plus étonnant quand on sait que ces adultes sont concernés par le haut potentiel.

Certains adolescents ou adultes surdoués vont tellement mal qu’ils se sentent étrangers à eux-mêmes et complètement déconnectés de la réalité. Voir le témoignage de Marie (rapporté lors de la conférence du docteur Gauvrit). Extraits de la lettre de Marie :

« Mesurez-vous la souffrance à la limite du physique qu'il a fallu endurer ? Le goût du sang dans la bouche, les muscles qui se tordent et ne veulent pas retrouver leur position adéquate, ce trou au ventre, l'écrasement du corps en permanence et l'esprit qui déforme à loisir toutes choses en noirceur, putréfaction, vide et Mort.  Et la peur ! »

« Destruction de soi et la folie !  Parlons-en de cette distorsion de la réalité, et quand après des années passées à se taper la tête contre les murs, à se mordre, à se vomir, à boire, à se dégrader on s'en sort, on se dit : comment ai-je pu être comme ça ? Etait-ce bien moi ? »

« Toute cette souffrance est liée pour une grande part à une sensibilité exacerbée. »

 

Qu'est-ce que la schizophrénie ?

Le mal être sévère d’un adulte surdoué peut évoquer la schizophrénie. Voici les symptômes de la schizophrénie et leur ressemblance avec certaines caractéristiques de la précocité : 

* Le repli sur soi :

Le surdoué en souffrance peut chercher à éviter les contacts ou développer une phobie sociale, car il a peur de tout, se sent mal compris ou veut se protéger d’une hyperstimulation sensorielle qui l’épuise et l’affole.

* Le délire : croyances erronées : par ex. se croire suivi, penser qu'un message lu ou vu est directement dirigé vers soi-même, penser que les autres peuvent lire ses pensées et les contrôler.

L’hyper vigilance et la méfiance extrême de certains surdoués peuvent les amener à se croire en danger et à mal interpréter les attitudes et actes des gens. Certains surdoués sont partagés (et non pas dédoublés) entre observation et participation à la vie sociale : ils observent, ont l’impression de se regarder être en interaction, au lieu de participer naturellement aux échanges sans se poser de questions. Ils analysent, décortiquent les attitudes, paroles, gestes et silences, étant ainsi à l’affût du moindre danger, la moindre remarque qui pourrait les remettre en question, les « attaquer ». D’une manière générale, beaucoup de surdoués se sentent facilement méprisés et persécutés, sans qu’il n’y ait de trouble particulier. En cas de souffrance psychologique, stress intense ou dépression, cette attitude méfiante et observatrice peut conduire à des craintes de type paranoïaque et évoquer la schizophrénie.

* Les hallucinations : fait d'entendre, de voir, de ressentir, ou de goûter des choses qui n'existent pas. Dans la schizophrénie, les hallucinations de type auditif sont les plus courantes : entendre des voix.

L’hypersensibilité, l’empathie et la synesthésie du surdoué peuvent l’amener à percevoir des choses (perceptions sensorielles, bruits, intentions, ambiances) que les autres ne perçoivent pas, et dont lui-même peut douter de la réalité.

* La désorganisation de la pensée qui peut entraîner un changement de sujet rapide lors de la conversation ou un manque total de sens dans le discours. Cette désorganisation peut aussi causer un comportement inapproprié comme de l'agitation, une mauvaise hygiène et un trouble des sentiments (par ex. l'incapacité d'avoir des émotions ou une soudaine poussée de sentiments inappropriés, ou encore de la difficulté à exprimer ses sentiments).

La pensée en arborescence du surdoué peut occasionner un discours décousu, illogique, qui passe du coq à l’âne, surtout en cas de TDAH ou d’hyperémotivité.

* Les déficits cognitifs : difficultés à se concentrer, mémoriser et résoudre des problèmes.

C’est le cas des surdoués qui ont des difficultés d’attention, qui ont complètement perdu confiance en eux ou qui souffrent d’inhibition intellectuelle (lire sur ce dernier point, la conférence du docteur Gauvrit).

* Les symptômes émotionnels comme la dépression ou le comportement inadéquat peuvent aussi survenir dans la schizophrénie.

C’est le cas aussi chez le surdoué qui va mal. L'hyperémotivité est d'ailleurs un signe prégnant de précocité. Elle peut "brouiller" la pensée en cas de stress important, empêchant alors de raisonner lucidement, d'où des réactions et comportements inadéquats et excessifs.

* Le risque de suicide accru :

C’est le cas aussi chez les surdoués. Le taux de suicide et de dépression chez les adolescents surdoués est plus élevé que chez les adolescents dont l'intelligence est dans la norme.

 

Pourquoi tant de surdoués diagnostiqués schizophrènes ?

Je ne compte plus les adultes surdoués ou qui semblent l'être, qui m'avouent avoir reçu un diagnostic de schizophrénie, alors qu'ils ne paraissent pas plus délirants et paranoïaques que quiconque.

Il est raisonnable de penser que nombre d'entre eux ont été victimes d'un mauvais diagnostic, ce qui est très grave, tant il est douloureux, effrayant et potentiellement destructeur de porter un tel diagnostic.

Mais alors, pourquoi une personne serait-elle perçue schizophrène à tort ?

Les surdoués ne font pas les choses à moitié et sont souvent dans l'excès. Ainsi, lorsqu'un adulte surdoué est en grande souffrance, sa détresse et son attitude étrange et inadaptée peuvent atteindre des sommets.

Alors, "logiquement", après plusieurs années à errer de psychologues en psychiatres, le diagnostic tombe. Il faut savoir qu'un psychiatre est un médecin dont la fonction est de poser des diagnostics et prescrire des traitements médicamenteux. Il ne connait généralement pas le haut potentiel et ne peut pas le reconnaître derrière des signes qui évoquent également une schizophrénie.

Jeanne Siaud-Facchin écrit :

"Et quand la pathologie survient, être surdoué donne une coloration spécifique au tableau clinique, qu'il faut connaître pour éviter les erreurs diagnostiques. Les dérives diagnostiques sont trop fréquentes. Elles résultent de la conjonction de plusieurs facteurs : la méconnaissance des caractéristiques psychologiques de l'enfant surdoué, l'absence de formation dans le milieu médical et paramédical, les résistances idéologiques (pourquoi aider et comprendre ceux qui ont plus?), le caractère souvent atypique du tableau clinique".

Je conseille donc à toutes les personnes qui ont été diagnostiquées schizophrènes de passer un test pour vérifier si elles ne sont pas aussi surdouées, ou uniquement surdouées.

 

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